Pierre-André George, facteur de piano à Lausanne

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Accordage


Les causes du désaccord

Un piano peut se désaccorder pour différentes raisons:




A quel moment faut-il accorder un piano ?


Quand il sonne faux, serait-on tenté de dire.
Ce n'est malheureusement pas si simple.
Il convient de tenir compte des variations atmosphériques liées aux changements de saisons.

En règle générale, le mieux est de procéder à un accordage entre 2 et 3 semaines après l'allumage ou l'extinction du chauffage. En effet, un piano possède une certaine inertie de réaction aux variations climatiques, variable selon l'instrument, et ce délai assure la totale adaptation de celui-ci.
Procéder ainsi est la solution la plus sage, cela ne met toutefois pas à l'abri d'éventuels changements de temps imprévus qui, s'ils sont de nature importante, peuvent modifier l'accordage du piano.

Il peut être avantageux de garder un rythme d'accordage, c'est-à-dire l'accorder toujours aux mêmes périodes de l'année.

La solution la plus efficace pour ne pas être tributaire du climat de façon excessive est de contrôler température et humidité dans la pièce, et mieux encore, également dans l'instrument. Voir à ce propos: Climatisation.



Fréquence d'accordages 

La plupart du temps, les propriétaires de pianos font accorder leur instrument une fois par année.
Si la tenue de l'instrument est excellente, cela peut être objectivement suffisant. Ça l'est en tout cas pour éviter de grosses surprises de diapason. ( Voir page Services / Accordage )
En principe un piano descendant en hiver et montant en été par désaccordage climatique, donc de façon dérangeante, le mieux est de le faire accorder en automne et au printemps, entre 2 et 3 semaines après l'allumage ou l'extinction du chauffage.
Les professionnels n'hésitent pas à recourir aux services d'un accordeur plusieurs fois par année. La sensibilité et l'exigence sont déterminantes et expriment bien la réalité de la tenue objective d'un accord de piano.

Un piano se désaccordant également en fonction de son utilisation, plus on en joue, ainsi que plus fort on en joue, et plus il va se désaccorder localement.

Si vraiment vous n'utilisez pas votre piano pendant une certaine période, vous pouvez le laisser 2 à 3 ans sans l'accorder. Mais c'est un peu à vos risques et périls, surtout si les conditions atmosphériques auxquelles il est exposé le mettent à rude épreuve: soleil direct, sécheresse, courants d'air, variations importantes d'humidité ou de température.
Si vous avez la chance d'avoir un piano qui ne bouge pas, ne vous acharnez pas à vouloir bien faire, mais méfiez-vous de votre oreille que vous pouvez fausser et vérifiez au minimum qu'il conserve bien son diapason.



A savoir avant l'accordage


L'accordeur doit pouvoir accéder à l'intérieur du piano.
Pour un piano à queue cela implique d'ouvrir le couvercle en position inclinée et de retirer le lutrin.
Pour un piano droit cela nécessite d'ouvrir le couvercle supérieur, de retirer le panneau avant supérieur et la plupart du temps de retirer le cylindre sur lequel est fixé le lutrin et servant à fermer le clavier.
L'accordeur s'en occupera, mais il peut être opportun, pour vous comme pour lui, d'enlever vous-même les objets, lampes et partitions qui l'encombrent.
Un tableau accroché au-dessus d'un piano droit peut empêcher l'ouverture et le rabattage du couvercle et l'accordeur pourra vous demander de l'enlever le cas échéant. Il est possible aussi qu'il doive légèrement éloigner le piano du mur si sa proximité empêche de rabattre entièrement le couvercle. Enfin si une étagère au-dessus du piano est placée trop bas, il lui faudra dégager le piano de façon assez conséquente jusqu'à pouvoir ouvrir le couvercle.
Dans les cas d'un déplacement nécessaire, un tapis, des godets sous les roulettes peuvent poser des problèmes. De même qu'un parquet fragile pourrait subir des marques.

L'accordeur a également besoin de place pour travailler.
Pour un piano à queue, il doit pouvoir passer sur la droite de l'instrument pour ouvrir le couvercle et pour accorder les aiguës.
Pour un piano droit, l'accordage des aiguës nécessite qu'il puisse y avoir la place pour que le coude de l'accordeur dépasse le piano sur la droite. Si ce n'est pas le cas, il devra déplacer le piano en diagonale (tirer la droite vers l'avant jusqu'à avoir assez d'espace) ou alors les aiguës risquent fort d'être accordées de façon approximative, c'est-à-dire moins précises et moins stables.
Tout au long de l'accordage, l'accordeur se déplace pour être en face des notes qu'il accorde. Aussi des objets encombrants sous le clavier peuvent être gênants.
Vous trouverez ici un schéma illustrant les espace nécessaires.

Pour les mesures que j'adopte en ce qui concerne la pandémie, voir la page Covid-19.



Importance du diapason


On appelle diapason une hauteur de son déterminée servant de référence d'accordage à plusieurs instruments.
La hauteur d'un son se mesure en Hertz (Hz) ce qui correspond à un nombre d'oscillation par seconde, le son étant un phénomène vibratoire dont la fréquence en définit la hauteur.
La note utilisée comme référence est le La. Sa hauteur a varié considérablement au cours du temps. De 415Hz à l'époque des clavecins baroques il se situe actuellement à 442Hz, ce qui représente environ un demi-ton d'écart. (Wikipedia donne sous 'diapason' une liste de diapasons en des lieux et temps divers.)
Cette hauteur est donnée par un instrument qui s'appelle lui-même le diapason. Il s'agit d'une fourche en métal produisant le son désiré lorsque on la heurte. Il existe maintenant des diapasons électroniques permettant de choisir une hauteur de diapason. Ces instruments n'émettent pas de son mais analysent celui qu'ils reçoivent et indiquent la justesse par une aiguille ou un témoin lumineux.

La facture d'un instrument et le diapason sont intimement liés. Une fois fabriqués, les instruments à vent, par exemple, ne supportent plus que de faibles différences d'accordage au-delà desquelles les gammes (les rapports entre les sons) ne sont plus respectées, l'instrument se met à sonner faux. Les instruments à cordes répondent à des lois faisant intervenir la longueur, le diamètre, le matériau et la tension de la corde. Ils sont donc calculés pour obtenir un résultat bien défini de puissance et de pureté du son. Avec plus de tolérance que pour les instruments à vent et sans l'inconvénient de rapports devenant faux, les instruments à cordes ont aussi des limites dans la hauteur du diapason: une trop grande tension de corde amène sa rupture, et une tension insuffisante change la nature du son (ses harmoniques, son timbre) et relâche la table d'harmonie (ou table de résonance) ce qui lui est malsain. Dans un piano ce phénomène peut entraîner des fentes.

Au-delà de la tolérance des instruments et de la possibilité d'accorder divers instruments ensemble, le diapason a une grande importance pour l'oreille des musiciens et pour la voix des chanteurs.
Utiliser un instrument sensiblement plus haut ou plus bas que le diapason, c'est habituer son oreille à cette sonorité, c'est fausser donc son oreille et par là son jeu. Car si vous avez l'habitude à la maison d'un instrument trop bas et que chez votre professeur le piano est accordé correctement, vous pourrez avoir la sensation gênante de ne pas vraiment reconnaître ce que vous êtes en train de jouer sans toutefois parvenir à en identifier la raison et la nature. Si vous êtes chanteur, vous aller "accorder" les muscles de vos cordes vocales en mémorisant la tension nécessaire à produire telle hauteur de note. Enfin, si vous avez l'oreille absolue à la longue elle pourrait vous abandonner.



Les harmoniques

Lorsque l'on perçoit le son d'une note, notre oreille ne semble percevoir qu'une hauteur: c'est un la grave, un mi aigu, ce dernier étant plus haut que le premier. C'est une évidence. Mais ce n'est pas si simple que cela.
Le son est en fait composé d'une vibration de base, qui est la hauteur que l'on perçoit et que l'on nomme son fondamental, mais également d'une infinité de vibrations plus élevées appelées harmoniques ou partiels. Tout ces sons fusionnent dans le son fondamental et sont généralement très difficilement identifiables.
Les harmoniques sont en fait des multiples de la vibration de base. Un son de 100Hz (100 vibrations à la seconde) aura une série d'harmoniques de 200Hz, 300Hz, 400Hz, 500Hz, etc. Ces harmoniques ne sont pas toutes émises avec la même puissance. C'est principalement la présence plus ou moins importante de certaines des harmoniques qui va déterminer le timbre d'un son.
A vrai dire, la hauteur du son que l'on perçoit n'est pas la vibration du son fondamental mais l'intervalle entre les harmoniques. En effet, si l'on filtre le son de façon électro-acoustique en éliminant les fréquences inférieures à 150Hz, on continuera de percevoir la hauteur du son à 100Hz !
Si dans la théorie et dans certaines configurations physiques nous avons affaires à des multiples parfaits, ce n'est pas toujours le cas: de façon très évidente dans les cloches, ce phénomène est beaucoup moins perceptible dans les cordes et pourtant il est présent et tout particulièrement dans les cordes de pianos. Ce "désaccordage" des harmoniques s'appelle l'inharmonicité. Celle-ci provient de la rigidité de l'acier servant à leur fabrication et est l'objet de recherches et d'évolution car elle joue un rôle important dans le timbre du son.
Ainsi, en tenant compte de l'inharmonicité, c'est la moyenne des intervalles entre les harmoniques que nous percevons comme hauteur du son.
Les harmoniques se présentent donc toujours dans le même ordre quelque soit le son émis. Si do est la note fondamentale ou première harmonique, nous allons trouver la deuxième à l'octave supérieure: do, la troisième à la quinte au-dessus: sol, etc. La suite est donc:
DO, DO, SOL, DO, MI, SOL, SI bémol, DO, RE, MI, FA #, SOL, etc. Nous allons toujours trouver la même note en position multiple: le do en 1, 2, 4, 8, 16, 32èmes places, le sol en 3, 6, 12, 24èmes places, le mi en 5, 10, 20èmes places, etc. En effet à une fréquence double correspond un saut d'octave. La septième, le si bémol, est légèrement plus basse que le si bémol de la gamme tempérée que nous employons actuellement. Les harmoniques plus élevées se rapprochent de plus en plus les unes des autres et les nouvelles notes qui apparaissent pour la première fois correspondent de moins en moins à notre gamme.

De ce principe s'expliquent diverses notions telles la gamme, la consonance et la dissonance, la résonance sympathique.

La consonance, qui étymologiquement veut dire sonner ensemble, correspond à l'origine à l'effet produit par l'émission simultanée de deux sons dont l'un fait partie de la série harmonique de l'autre, ou plus exactement encore de deux sons ayant des séries harmoniques comportant des notes communes. Si l'unisson est l'intervalle le plus consonant (les 2 séries sont identiques), vient ensuite l'octave puis la quinte. La notion subjective de consonance, elle, est de nature culturelle. Dans notre culture, elle a passablement évolué avec le temps. La caractéristique de la série harmonique permet d'envisager objectivement la consonance d'intervalles réputés dissonants comme plus aisée lorsque les deux notes sont suffisamment éloignées pour que la note la plus haute se superpose à son équivalente apparaissant dans la série harmonique de la note la plus basse.

La résonance sympathique est la propriété qu'un son émis entraîne la mise en vibration de toute corde dont la fréquence d'accordage correspond à l'une de ses harmoniques. La cythare indienne est le parfait exemple d'utilisation de ce phénomène. Un autre exemple de ce phénomène peut s'observer en enfonçant sans les faire sonner les touches d'un piano dans un accord de do-mi-sol en milieu de clavier et de jouer le do deux octaves en-dessous fortement et brièvement. On perçoit très nettement les trois notes libres qui entrent en résonance.

La gamme quant à elle s'est construite à partir d'un choix de notes consonantes par rapport de quinte. La quinte est la note la plus importante de l'architecture harmonique, c'est en effet la première note de la série qui diffère véritablement du son fondamental.
La précision de l'accordage d'un piano s'effectue à travers l'écoute des harmoniques et des battements entre elles. Deux sons lorsqu'ils sont voisins émettent des battements (ondulation d'intensité, vibration) dont la fréquence correspond à la différence de fréquence entre eux: deux sons de 440Hz et 444Hz émis en même temps produiront 4 battements par seconde. La 5ème harmonique d'une note et la 4ème harmonique de la tierce placée juste au-dessus ne sont pas exactement à la même hauteur et produisent donc un battement de vitesse variable suivant la hauteur des 2 fondamentales. Dans le milieu du clavier ces vitesses sont très identifiables et doivent être progressives. Do-mi par exemple vibre à environ 10 battements par seconde. On utilise également les battements de quartes, beaucoup plus lents, de sixtes ou encore de dixièmes.

Une tendance actuelle de la musique contemporaine cherche à se détacher partiellement de ces concepts pour aller rechercher les sons dans leur nature propre, retrouver la sensation de l'émission sonore que la focalisation sur le discours musical a éclipsé dans une bonne mesure. Un des intérêts de ce courant artistique porte sur la nouvelle définition de l'harmonie qui en résulte: le désaccordage des partiels, donc le timbre d'un son, détermine des sympathies avec d'autres sons basées sur la consonance de leurs partiels à partir d'intervalles n'appartenant plus à nos systèmes de gammes tempérées ou non. C'est le timbre qui fait l'harmonie au point que ces deux concepts fusionnent dans l'harmonie-timbre.

La musiques balinaise, quant à elle, utilise de façon très suggestive les battements d'harmoniques dans les orchestres gamelan. Ces ensembles d'instruments, parfois en bambou, sont souvent constitués principalement de métallophones et de gongs. Mis à part les métallophones qui vont toujours par paires (mâle et femelle), jouant la même ligne mélodique à l'unisson et dont l'accordage des lames est légèrement décalé, ce qui produit un battement, une vie dans le son, l'ensemble de l'orchestre génère une grande quantité de battements entre tous les instruments. Le résultat peut être parfois partiellement aléatoire, mais certains orchestres aux instruments bien pensés ensemble au moment de leur facture produisent des résultats tout à fait stupéfiants à cet égard.



Les tempéraments

La gamme chromatique que nous employons maintenant et qui divise l'octave en 12 demi-tons égaux (la succession des touches noires et blanches) est le résultat d'une longue évolution historique.
Cette division n'est pas universelle. Il s'agit du système occidental appelé tempérament égal. Dans d'autres régions on emploie d'autres gammes ayant plus ou moins de notes (les pentatoniques par exemple qui n'ont que 5 notes). Ces notes ne correspondent pas forcément exactement à 5 notes choisies dans notre gamme tempérée. Certaines musiques emploient des gammes plus complètes mais utilisent des quarts de tons, voire des fractions encore plus petites.

Concernant l'évolution occidentale, on peut distinguer 3 périodes principales. La première voit l'élaboration par Pythagore d'une gamme de 7 notes construite part superposition de quintes. Mathématicien, Pythagore avait trouvé la loi de division harmonique, identifié le rapport de quinte et tiré la gamme à partir de ce rapport. Les quintes employées étaient alors des quintes rigoureusement justes, c'est-à-dire correspondant à la 3ème harmonique naturelle du son. De cette gamme différents modes pouvaient être utilisés suivant quelle note était choisie comme tonique. Cette structure a perduré jusqu'aux chants grégoriens.

Plus tard, l'évolution de la musique a porté les compositeurs à élargir leur champ d'investigation. Que devient cette progression de quintes si on la poursuit au-delà des 7 notes de la gamme diatonique? Comment reproduire le mode caractéristique de do en partant du si? En effectuant 12 rapports de quintes successifs (do, sol, ré, la, mi, si, fa#, do#, sol#, ré#, la#, mi#, si#) au lieu de retomber sur si# = do, on se retrouve légèrement en dessus. A partir de ces observations plusieurs systèmes ont été élaborés pour diviser l'octave en 12. Certains concepteurs cherchaient à privilégier la sonorité de la tierce majeure pure, d'autres de la quinte, d'autres encore de la tierce mineure et tous les compromis possibles entre ces différentes possibilités. C'est l'époque du baroque qui ne compte pas moins d'une cinquantaine de tempéraments différents. (Voir l'excellent document tiré des travaux de Pierre-Yves Asselin.)

Ces tempéraments sont riches en couleur. Les compositeurs de l'époque utilisaient leurs caractéristiques, jouant des consonances variables suivant la tonalité choisie. Bach par exemple utilisera dans une même oeuvre l'alternance de tonalités comportant un maximum d'intervalles justes pour exprimer le calme et la paix de l'âme et modulera dans des tonalités aux intervalles très dissonants dans les passages narrant la tentation du Christ.
Toutefois divers problèmes se posaient. Comment moduler à l'infini? Comment jouer en si avec un instrument à vent construit pour jouer en si bémol? Ainsi naquit le tempérament égal qui rétrécit légèrement toutes les quintes de la même quantité afin d'arriver à si# = do. C'est l'époque où Bach écrit son Clavier bien tempéré.

Cette naissance s'étendit en réalité sur plusieurs siècles et suscita d'interminables polémiques qui ne sont d'ailleurs pas totalement terminées. Le Clavier bien tempéré de Bach est communément considéré comme également tempéré, bien signifierait égal, alors qu'il semble qu'au contraire il privilégiait un tempérament non égal, mais bien équilibré, et que cette œuvre soit entre autres une démonstration que ce tempérament permettait de jouer dans tous les tons. Les fameuses bouclettes en tête de son manuscrit seraient ainsi un résumé imagé de son tempérament. (Voir la description qu'en fait Bradley Lehman.)
On peut cependant constater que le choix des notes utilisées est loin d'être fortuit. Une position très écartée comme dans le troisième prélude en do# majeur permet de diminuer les frictions de cette tonalité. En un mot : les préludes ne sont pas transposables à l'intérieur de ce tempérament, ce qui d'ailleurs n'était assurément pas le but de Bach.

Le tempérament égal possède donc 12 demi-tons rigoureusement égaux, permet de moduler dans toutes les tonalités en conservant les mêmes rapports d'intervalles. Nous y avons perdu en richesse de couleur, mais gagné en liberté de mouvement. Les instruments libres de leur fréquences comme les violons ont toujours la possibilité d'effectuer des quintes justes, de distinguer légèrement leur ré# de leur mi bémol, dans la mesure où ils n'entrent pas en conflit avec d'autres instruments plus rigides.

Un tempérament essayant de ménager les quintes justes et la division en 12 demi-tons égaux a été conceptualisé au XXème siècle par le facteur de piano Serge Cordier (voir la page activités/parcours professionnel ). Pour y arriver, il a fallu agrandir les octaves qui présentent donc un battement. Si ce battement n'est pas l'aspect le plus gênant de ce tempérament, la vitesse des tierces et des dixièmes l'est beaucoup plus surtout lors de morceaux lents.

La pratique empirique des facteurs de pianos contemporains est en fait un compromis entre la rigueur des quintes et celles des octaves, mais ces dernières n'en arrivent jamais au point de battre. J'ai pour ma part théorisé ce compromis. Les calculs des rapports d'intervalles en découlant démontrent une véritable fusion des sons, bien au-delà de ce que l'une et l'autre des théories précédentes réussissaient à produire.



Entretien


Nettoyage des touches


Les touches d'un piano se nettoient à l'alcool.
Ne pas utiliser d'alcool à brûler. En effet, celui-ci contient du méthanol qui est un solvant des plastiques et peut endommager les touches synthétiques et/ou dissoudre la colle. Utiliser de l'alcool de pharmacie à 70°.

Mettre de l'alcool sur un coton et frotter les touches avec celui-ci. Attention avec les noires, suivant leur fabrication elles peuvent être teintées avec un vernis à l'alcool et trop insister pourrait l'enlever. De même le bois sous la touche noire, caché par les blanches dans la position de repos, est lui la plupart du temps teinté de cette manière. Evitez donc d'y passer de l'alcool.

PAS D'EAU sur un clavier, ni tout autre produit ne s'évaporant pas rapidement. A part le fait que l'alcool est plus efficace, l'humidité est l'ennemi numéro un. Sous les touches se trouvent les mortaises d'enfoncement: la touche coulisse sur une tige en métal. L'espace permettant ce coulissement est garni de feutre. Si celui-ci, ou le bois environnant de la touche prennent de l'humidité ils gonflent et immobilisent la touche.


Nettoyage du meuble en polyester


Le polyester est d'un très bel effet, mais son grand défaut est sa capacité à garder le gras des marques de doigts.
Il existe des polish d'entretien, très efficaces, mais un peu fastidieux à utiliser, car il faut parfois beaucoup de patience pour l'éliminer totalement.
Un autre moyen qui peut se révéler efficace: le produit pour vitre. Gicler du produit sur un chiffon doux, jamais sur le piano directement, et frotter.
Quelques traces légères s'enlèvent facilement en créant de la buée par la bouche et en essuyant immédiatement avec un chiffon doux.



Climatisation


Humidité

Un piano a besoin d'un lieu aux conditions atmosphériques stables.
Mais il lui faut également une humidité de l'air adaptée.
En effet la majeur partie des éléments constituant un piano est faite de bois, matériau très hygroscopique, c'est-à-dire tendant à équilibrer son taux d'humidité avec celui de l'air ambiant. Le bois absorbera ou perdra donc de l'humidité selon l'état  climatique de son environnement.

Une alternance répétée de sécheresse et d'humidité entraîne, par gonflement et retrait du bois, l'apparition de jeu autour des vis de la mécanique et des axes, autour des chevilles dont dépendent la tenue de tension des cordes, et fragilise les veines du bois, en particulier de la table d'harmonie, ce qui peut conduire à l'apparition de fentes.
La stabilité atmosphérique favorise en outre la tenue de l'accordage dans la mesure où la table d'harmonie est peu soumise à des variations portant à une modification globale de la tension des cordes (voir désaccordage climatique).

L'excès d'humidité relative entraîne d'abord des problèmes dans la mécanique qui se bloque temporairement. Au-delà de 75% les dégâts deviennent importants: corrosion des métaux et moisissures.

La sécheresse entraîne des jeux dans la mécanique et la fragilisation du bois. Les conditions atmosphériques en hiver (avec un air extérieur sec et une situation fortement aggravée par des appartements surchauffés) peuvent entraîner des dégâts très important si ce n'est irrémédiables.

Les conditions idéales pour un piano sont 52% d'humidité relative pour 20°C.
Toutefois, les fabricants actuels garantissent leurs instruments entre 45% et 70%.

Essayez de garder votre piano entre 18°C et 22°C et entre 50% et 55% d'humidité.

Les variations de température, s'il ne s'agit pas de chocs thermiques, n'ont pas une forte incidence sur la santé de l'instrument dans la mesure où l'humidité relative est maintenue. Les effets sur la bonne conservation des matériaux organiques dûs aux nivaux et aux fluctuations de la température ou de l'humidité relative sont de 5% et 95% respectivement.

Il est nécessaire de comprendre le lien existant entre température et humidité relative:
la même quantité de particules d'eau dans l'atmosphère (humidité absolue) produit une humidité relative différente selon la température. Si pour une humidité absolue donnée nous avons à 20°C une humidité relative de 50% elle sera de 68% à 15°C et de 37% à 25°C. Il y a donc une variation de 2,5 à 4 % par °C. (Voir l'excellent tableau du diagramme de Mollier.)

Si donc l'air ambiant est trop sec, en abaissant légèrement la température l'humidité relative remontera et inversement.

Pour agir sur l'humidité relative sans varier la température, il faut humidifier ou déshumidifier l'air ambiant.



Emplacement du piano


Ne placez jamais un piano à proximité d'un radiateur ou autre source de chaleur ou d'une ventilation. Laissez au moins un bon mètre de distance. Evitez de même la proximité des fenêtres, le soleil direct et les courants d'air.
Les séjour-cuisine non séparés - à moins d'être suffisamment éloigné de la partie cuisine et de ses émissions de vapeur - et les chambres à coucher (variations dues soit à une fenêtre ouverte la nuit soit aux émissions de vapeur d'eau du corps humain durant la nuit si la fenêtre est fermée) ne sont pas des bonnes conditions non plus. De même la proximité d'une salle de bain non ventilée
On dit parfois d'éviter de coller un piano droit à un mur extérieur. Cela peut être vrai, mais cela dépend du mur, sa qualité d'isolation, son exposition et donc ses variations d'humidité. Le cas échéant, laissez environ 10cm d'écart.
Evitez également de placer votre piano droit sur le passage d'un corps de chauffe de chauffage au sol ou protégez-le par une couverture thermique en feuille d'aluminium recouverte d'un tapis.
Une pièce exposée au sud peut subir d'importants changements de température (et donc par conséquent d'humidité relative). Même si votre instrument ne reçoit pas le soleil direct soyez attentifs à éviter cet effet de surchauffe.
Evitez les pièces munies de chauffages à bois ou de cheminées de salon qui consomment beaucoup d'humidité.
Enfin, les variations brusques de température peuvent être fatales. Ainsi n'ouvrez jamais une fenêtre proche d'un piano en hiver par grands froids !



Régulation de l'humidité

Il existe différents moyens pour maintenir une humidité adéquate et stable.
Le meilleur de tous est sans aucun doute de poser un système de climatisation dans le piano.

La première chose à faire, quel que soit le moyen utilisé pour climatiser la pièce ou l'instrument, est de choisir un bon emplacement.
Evitez ensuite dans la mesure du possible des températures de chauffage trop élevées car l'apport d'humidité nécessaire sera plus élevé.
Procurez-vous un hygromètre électronique muni d'une fonction enregistrant les minima et maxima afin de pouvoir contrôler non seulement l'humidité relative de l'air mais également l'excursion de celle-ci et placez-le sur votre instrument. Il s'en trouve facilement à bon marché dans les grandes surfaces.
Vous pouvez alors agir sur l'air ambiant de la pièce en humidifiant ou déshumidifiant selon le besoin.

Cela peut se faire par la pose d'humidificateurs à buvards sur vos radiateurs, ou en plaçant un humidificateur électrique dans la pièce.
Les inconvénients de cette méthode sont de diverses natures. Il peut être difficile selon la grandeur de la pièce et son étanchéité d'obtenir l'humidité souhaitée. Vous serez souvent préoccupés par son efficacité (les portes sont-elles bien fermées, etc.). Si vous pourrez aisément vous passer de surveiller en permanence quand il faut enclencher ou déclencher votre appareil par l'utilisation d'un hygrostat, vous devrez par contre vous assurer que votre humidificateur contient bien de l'eau et le remplir assez fréquemment (tous les 2 jours au minimum, voire tous les jours), ce qui, outre d'être fastidieux, limitera votre liberté de vous absenter. Il n'est pas toujours agréable voire possible de placer un tel appareil dans une pièce, et si vos besoins alternent entre humidifier et déshumidifier, c'est de deux appareils dont vous aurez besoin à moins d'y mettre le prix. Selon la température extérieure vous pouvez encourir de la condensation sur les vitres des fenêtres. Enfin, un déshumidificateur n'est pas tout à fait silencieux.

Un autre moyen consiste à placer dans le piano un tube contenant un sel hygroscopique. Ce système (nommé Hydrocel) se place à sec en cas d'excès d'humidité, mais lors de sécheresse il doit être posé après avoir été trempé dans une baignoire et laissé égoutté une vingtaine de minutes. Cette opération doit être répétée toutes les trois semaines environ selon le taux de sécheresse.
Les inconvénients: pas de contrôle fin sur la quantité d'humidité dégagée; efficacité donc relative; pas de sensation précise quant au moment où il faut le replonger dans l'eau; risques de coulures à l'intérieur de l'instrument si l'on ne laisse pas suffisamment égoutter. 

Signalons au passage un remède de grand-mère qui consiste à mettre un bocal rempli à moitié d'eau dans le bas d'un piano droit ou, posé sur un chiffon afin de l'empêcher de vibrer, sur le cadre d'un piano à queue. Les risques de renverser de l'eau dans le piano, même s'ils sont limités, ont des conséquences trop graves pour que je puisse conseiller cette méthode dont l'efficacité est de surcroît très relative.



Système de climatisation

L'installation du système Piano Life Saver de Dampp-Chaser comporte de nombreux avantages: maintient d'une hygrométrie constante de l'instrument par diffusion d'humidité en cas de sécheresse et par chauffage en cas d'excès d'humidité; détection et automatisation par un hygrostat;  autonomie d'une quinzaine de jours en hiver; silencieux; installation discrète: seul un témoin lumineux placé sous le clavier vous informe lorsqu'il est nécessaire de remplir le réservoir du système ou de changer les buvards; simplicité et sécurité lors du remplissage.
Pour des informations détaillées visitez le très explicite site de Dampp-Chaser. Pour une vue du positionnement du système dans l'instrument allez dans le menu "Gamme de produits" et choisissez le type d'instrument.
Si les conditions dans lesquelles se trouvent votre instrument sont particulièrement mauvaises, le système ne pourra les compenser totalement. Néanmoins il diminuera considérablement les risques qu'encourent votre instrument et améliorera sa stabilité dans la même mesure.



Divers


Dégâts d'eau

L'eau et tous les liquides sont de grands ennemis du piano. Par conséquent ne posez jamais un vase à fleur ou un verre avec une boisson ou n'importe quel récipient contenant un liquide sur un piano. Lorsque l'accident se produit il est trop tard. Que le liquide touche le meuble, le clavier, la mécanique, les cordes et chevilles ou la table d'harmonie des dégâts de diverses nature et gravité s'en suivent.
Si néanmoins cela devait vous arriver absorbez et essuyez immédiatement tout ce que vous pouvez de ce liquide et si vous ne pouvez pas tout absorber parce que vous ne pouvez atteindre certains endroits faites immédiatement appel à un spécialiste. N'utilisez jamais un foehn à chaud. Méfiez-vous du liquide pouvant passer à travers jointures et charnières et poursuivre son chemin plus avant.



Fentes

Les causes d'apparition de fentes dans la table d'harmonie ont été évoquées plusieurs fois dans ces pages (maintien du diapason, conditions climatiques, âge) ainsi que les conséquences qu'elles peuvent entraîner.
Ces conséquences ne se vérifient pas systématiquement. Cela dépendra en grande partie de leur importance et emplacement.
Aussi, si vous découvrez que votre piano a une fente sur la table d'harmonie, avant de vous désespérer faites le voir par un spécialiste qui pourra vous donner une appréciation de la gravité des dégâts.
Il peut être nécessaire d'observer les réactions du piano après deux à trois accordages avant de pouvoir se prononcer véritablement.
Il vous sera d'autant plus impératif de respecter les règles de bases d'un bon entretien.
La réparation d'une table d'harmonie fendue est une grosse réparation assez coûteuse et peut valoir la peine sur des instruments de qualité. Vous trouvez des photos de cette intervention dans la page Atelier.

Il est tout à fait déconseillé d'acheter un piano dont la table est fendue.



Ivoire

L'ivoire est interdit de commerce depuis 1989. Les claviers construits de nos jours ne sont donc plus recouverts d'ivoire. La technologie des matières plastiques ayant beaucoup évolué dans cette même période, celles utilisées actuellement sont plus confortables que par le passé, on y transpire moins, bien que toujours plus que sur de l'ivoire.

L'ivoire a tendance à jaunir dans l'obscurité. Ne fermez donc pas le couvercle de votre clavier en ivoire pour le protéger de la poussière. Celle-ci n'est pas bien grave, alors qu'un clavier jauni a triste mine. Protégez le par contre des voitures miniatures et autres agressions de vos petits enfants.

Un clavier jauni peut se récupérer si il n'est pas trop atteint et que les ivoires sont suffisamment épais. En effet, il nécessitera un ponçage et une exposition aux UV pour reprendre sa blancheur. Le ponçage lui-même peut être superficiel si les touches ne sont pas creusées par l'usure provoquée par les doigts, ce qui arrive après une longue utilisation. Sinon, pour obtenir un beau travail, il faut poncer plus en profondeur pour retrouver une surface plane, ce qui aminci et fragilise l'ivoire.



Mites

Une bonne partie des composants de la mécanique est en feutre, c'est à dire en laine. Si vous avez des mites à laine chez vous (espèce différente de la mite alimentaire) il est prudent de poser de la naphtaline ou des papiers anti-mites dans votre instrument, et de ne pas oublier de les changer régulièrement.



L'oreille absolue

L'oreille absolue est la capacité de pouvoir identifier la hauteur d'un son de façon immédiate et sans autre référence.
Elle est totalement inutile pour un accordeur, qui utilise un diapason pour la précision de la première note et base toutes les autres à partir de celle-ci. Il a besoin au contraire d'une bonne oreille relative. Oreille technique, capable de discerner les harmoniques et leurs battements, d'éliminer les fausses informations que le son peut contenir, de réaliser des compromis. A ce titre l'oreille est un muscle qui peut s'entraîner. L'oreille musicale aide aussi l'accordeur, mais n'est pas suffisante et peut induire en erreur.
L'oreille absolue est un peu mystérieuse. Elle est sans doute le fruit d'une mémorisation, pour ne pas dire conditionnement, et peut d'ailleurs se perdre si son propriétaire côtoie durablement un instrument désaccordé d'un quart de ton.
Très utile en musique pour savoir instantanément où l'on se trouve, où se trouvent les notes et les hauteurs, et en particulier peut-être dans l'improvisation, il semblerait qu'elle soit parfois source de troubles pour l'heureux bénéficiaire qui peut se sentir perturbé par des sensations de légère fausseté là où personne d'autre ne les percevra.



Problèmes de voisinage

Dans les immeubles locatifs, l'usage d'un piano peut engendrer des problèmes de voisinage.
Il existe quelques astuces pour réduire la propagation du son du piano qui se fait par les murs et par le sol.
Soignez l'acoustique de votre pièce: cela sera plus agréable pour vous comme pour vos voisins. Des tapis au sol ou/et aux murs, des rideaux, tout objet en matériau absorbant (fauteuils, canapés) ainsi que les reliefs faisant rebondir plusieurs fois le son en en absorbant chaque fois une partie (bibliothèques et autres meubles) sont autant d'éléments qui favoriseront l'acoustique de votre pièce.
Evitez les pièces vides, les sols en carrelage, et pour vos voisins: les halls d'entrée.
La plus grande émission sonore se fait perpendiculairement à la table d'harmonie. Aussi, si c'est un piano droit, vous pouvez placer entre la paroi et l'arrière du piano une surface de mousse d'au moins 3cm d'épaisseur, et pour un piano à queue le poser sur un tapis.
Vous pouvez également limiter la transmission des vibrations par le sol en plaçant sous les roulettes de votre piano des godets spéciaux anti-vibrations.
Vous pouvez également opter pour un piano équipé d'un système 'Silent'. Ce système vous permet à volonté, avec un simple levier, ou mieux encore avec la pédale du milieu (restant par pression du pied alternativement en position active ou non-active),  de bloquer les marteaux juste avant leur contact avec les cordes et d'utiliser en remplacement l'échantillonnage numérique fourni que vous entendez alors avec un casque. Une interface Midi vous permet également d'entrer dans un ordinateur ou un synthétiseur. Avantages: vous ne dérangez plus personne (mis à part le bruit de la mécanique) tout en bénéficiant d'une vraie mécanique de piano; lorsque vous voulez le son naturel de votre piano acoustique, vous libérez la mécanique et jouez normalement. Désavantage: une mécanique présentant un échappement très légèrement supérieur à la normale ce qui est plus ou moins dérangeant suivant les exigences pianistiques de l'utilisateur. Précaution avant achat: essayez-le en mode acoustique pour tester la performance de la mécanique, et électroniquement pour entendre la qualité de l'échantillonnage, vous rendre compte si le son vous convient.



Souris cherche piano tout confort

Si l'endroit où vous habitez est susceptible de recevoir la visite de souris, votre piano est en danger. Planque idéale où aucun chat ne pourra la suivre, elle dispose d'un bel espace pour se promener et uriner (ce qui est particulièrement apprécié par les cordes et les ressorts), d'une grande réserve de matériaux (feutres, papier, bois) pour construire son nid (qu'elle fait de préférence sous le bloc gauche du clavier sans doute parce qu'il est plus spacieux que celui de droite). Il faut dire que les souris, comme beaucoup d'animaux, sont très mélomanes.
Pour protéger votre instrument, il convient d'en obstruer tous les accès. Le socle inférieur comporte parfois des ouvertures. Une planche calée par dessous le piano fait très bien l'affaire. L'espace sous les pédales offre également un passage tout à fait suffisant. Mettez-y des bouchons de liège lorsque vous n'utilisez pas votre instrument.




©2006/2017 Pierre-André George | Tous droits réservés

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